Jean Drapeau (
18 février 1916 au Québec -
12 août 1999 au Québec) était un
avocat et homme politique
canadien. Il fut
Maire de
Montréal de
1954 à
1957 et de
1960 à
1986.
Fils de Éloi Trottier et de Venice Dufault Maloney, Jean Drapeau est né à Montréal en 1916. Son père fut notamment courtier d'assurances, conseiller municipal et travailleur d'élections pour l'Union nationale et l'initia à la politique. Jean Drapeau fit des études de licence en sciences sociales puis des études de Droit à l'université de Montréal. Il est un ancien membre de l'Ordre de Jacques-Cartier.
En 1942, alors que commençait la polémique de la conscription, l'étudiant en droit Jean Drapeau se présenta comme candidat indépendant lors d'une élection fédérale partielle dans la circonscription électorale d'Outremont, contre le candidat et ministre du gouvernement King, le major-général L.R. Laflèche. Drapeau perdit, par un score toutefois honorable de 7765 voix contre 12323 à son adversaire. Il participa au mouvement anticonscriptionniste de la Ligue pour la défense du Canada et au Bloc populaire canadien de Maxime Raymond et d'André Laurendeau. Devenu avocat, Drapeau fut candidat du Bloc populaire à l'élection provinciale de 1944 dans la circonscription électorale de Jeanne-Mance, élection où il fut défait.
Drapeau pratiqua ensuite pendant quelques années comme avocat criminaliste à Montréal. En 1945, il épousa Marie-Claire Boucher. Ils auront trois fils. Lors de la Grève d'Asbestos en 1949, il agit comme avocat défenseur de grévistes.
En 1950, il agit comme adjoint de Pacifique (Pax) Plante pour mener une enquête sur la corruption et la moralité à Montréal, ce qui lui donna une visibilité publique. En 1953, il est avocat de la commission d'enquête Caron. Le rapport de la commission Caron, qui fut rendu public quelques semaines avant l'élection municipale de 1954 à Montréal, créait un climat favorable à un changement de l'administration municipale.
Lors de l'élection municipale de 1954, Drapeau fut élu maire de Montréal, sous la bannière de la Ligue d'action civique, qui faisait campagne sur la base d'une épuration de l'administration municipale. Cette période vit le début de sa collaboration avec Pierre Desmarais, président du comité exécutif de Montréal. Ce premier mandat fut source de difficultés pour Drapeau, dont la popularité s'éroda. Il se heurta à de nombreuses oppositions, dont celle des dirigeants syndicaux ainsi que celle du gouvernement Duplessis. Lors de l'élection municipale de 1957, Drapeau fut défait par Sarto Fournier. Drapeau entreprit alors de donner des conférences. Des ligues d'action civique se fondèrent à différents endroits au Québec. En 1959, Jean Drapeau publie ses idées dans Jean Drapeau vous parle. En 1960, il y eut crise puis scission dans la Ligue d'action civique. Jean Drapeau fonda alors le Parti civique, auquel la Ligue d'action civique fit la lutte. Le chef maçonnique J.-Z. Léon Patenaude rassembla les critiques de cette période envers Drapeau dans un ouvrage intitulé Le vrai visage de Jean Drapeau, publié aux Éditions du Jour en 1962. Drapeau et son Parti civique furent massivement élus lors de l'élection municipale de Montréal de 1960. Drapeau fut réélu continuellement par la suite et demeura maire de Montréal pendant les 26 années suivantes, jusqu'à sa retraite de la vie politique en 1986.
Un règne de 26 ans
Au cours de son administration, le milieu des années 1960 vit la réalisation à Montréal de grands chantiers tels le
métro, la
Place des Arts, l'exposition universelle de 1967 et la formation du club de baseball les Expos en 1969. Pour aider au financement de la ville, il mit sur pied en
1968 la première
Loterie publique au Canada, qu'il nomma simplement la « taxe volontaire », un mode de financement qui sera repris et amplement développé par la suite par le gouvernement provincial.
Lors des élections municipales d'octobre 1970, Drapeau utilisa habilement la situation de la Crise d'octobre pour discréditer et neutraliser l'opposition municipale, dont certains candidats furent même, en vertu de la Loi des mesures de guerre, emprisonnés sans accusation pour n'être relâchés qu'une fois l'élection terminée.
Le milieu des années 1970 fut marqué par la préparation et la tenue des Jeux Olympiques d'été de 1976 à Montréal. Toutefois, sa gestion du projet olympique entraîna d'importants dépassements de coûts ainsi qu'une dette énorme, la construction du stade olympique de Montréal ayant coûté un milliard de dollars, dette remboursée en fin 2006, 30 ans plus tard. La fin des années 1970 et le début des années 1980 virent une augmentation des critiques à l'endroit de son administration municipale et la création, en 1974, d'un nouveau parti municipal d'opposition, le Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM), dont la popularité s'accrut graduellement au cours de la décennie suivante. Drapeau ne se représenta pas lors de l'élection de 1986, qui fut remportée par le RCM, dirigé par Jean Doré.
Après sa retraite de la politique active, le premier ministre du Canada, Brian Mulroney le nomme Ambassadeur du Canada au siège de l'Unesco à Paris, poste qu'il occupera de 1987 à 1991.
Jean Drapeau est décédé en 1999. Il est enterré au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal. Un parc situé sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, sites de l'exposition de 1967, ainsi que la station du métro de Montréal qui s'y trouve, portent aujourd'hui son nom.
Distinctions
- 1987 - Grand officier de l'Ordre national du Québec
Citation célèbre
« Il est aussi impossible pour les Jeux olympiques de Montréal de produire un déficit que pour un homme de devenir enceinte. » — Jean Drapeau, après que la ville de Montréal ait été choisie pour accueillir les Jeux Olympiques de 1976. |
Notes et références
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Liens externes